Source Le Mutualiste. 

 

Interview l Corinne Mairie, diététicienne et membre actif de l’Association santé environnement France (Asef). Invisibles dans l’assiette du consommateur, les additifs alimentaires sont pourtant omniprésents, elle nous guide sur leur utilisation et les risques pour notre organisme. 

 

Pourquoi l’industrie agroalimentaire utilise-t-elle des additifs ?

L’enjeu commercial est considérable. La plupart de ces substances jouent seulement un rôle cosmétique. En revanche, les conservateurs, comme les sels nitrités, sont abondamment utilisés pour couvrir les risques sanitaires. Assurer une innocuité microbiologique de la viande transformée, notamment, nécessite des procédés plus complexes et donc plus onéreux. Réduire les coûts de production permet aux industriels de réaliser des marges plus importantes et/ou de proposer des produits à bas prix.  

Quels sont les autres additifs dont les risques sont prouvés ?

Des études sur des émulsifiants ont démontré une action sur le microbiote intestinal. Dans cette famille-là, beaucoup de produits ont des effets « décapants » au niveau intestinal. D’autres études ont dévoilé l’effet de colorants ajoutés aux bonbons sur les syndromes de l’hyperactivité et de déficience de l’attention chez les enfants. Sur certains emballages alimentaires figure d’ailleurs maintenant une note avertissant que le produit est susceptible de favoriser l’apparition de ces troubles-là.  

Pourquoi sont-ils encore autorisés ?

Les principes d’évaluation de toxicité datent des années 1950 et se fondent sur la mise en place d’une dose journalière admissible (DJA) pour chaque substance étudiée. En vertu d’un règlement européen de 2008, la sécurité de tous les additifs alimentaires ayant été autorisés dans l’UE avant le 20 janvier 2009 fait actuellement l’objet d’une réévaluation, toujours en cours vu l’ampleur de la tâche, et réalisée sur la base de données fournies, notamment, par les producteurs d’additifs eux-mêmes. Il faut savoir aussi que ces évaluations-là ont été faites uniquement produit par produit. L’effet cocktail est en effet complètement exclu des études de toxicité, encore aujourd’hui, en raison de la complexité du phénomène. Au total, 330 additifs sont autorisés, vous imaginez ce que cela représente comme possibilités de combinaisons.